Création d'entreprise

Le groupement d’intérêt économique et ses caractéristiques

Par Philippe , le 30 octobre 2021 , mis à jour le 27 septembre 2023 - 8 minutes de lecture
groupement d'interêt économique

Selon l’article L. 251-1 du Code de commerce français, le groupement d’intérêt économique désigné sous le sigle GIE, a pour but de faciliter le développement de l’activité économique de ses entreprises membres et non de réaliser des bénéfices. La même disposition législative affirme que l’activité du GIE doit être connexe à l’activité économique exercée par ses entreprises membres.

Qu’est-ce que le groupement d’intérêt économique ?

« Le groupement d’intérêt économique constitue une formule juridique susceptible de favoriser maintes actions qu’il serait impossible à de nombreuses entreprises de réaliser par elles-mêmes : services de recherches, études de marché, publicité commune, utilisation des méthodes modernes de gestion, etc. » – MERCADAL B. et JANIN P. in- Sociétés commerciales, 1984-1985, 15e édition juridique Lefebvre.

Une structure juridique pour faciliter l’activité économique des entreprises membres

Le groupement d’intérêt économique regroupe des entreprises à activité similaire qui mettent en commun des moyens (matériels, ressources, connaissances, etc.) en vue de faciliter et de développer leur activité économique, tout en conservant leur indépendance.

L’article L. 251-1 du Code de commerce souligne que le but du GIE n’est pas de réaliser et de partager des bénéfices entre les membres. Toutefois, cela ne lui est pas interdit.

Les caractères d’un groupement d’intérêt économique

  • C’est une structure juridique de coopération entre des entreprises à activité économique similaire.
  • C’est une personne morale dotée d’une existence juridique à part entière, distincte de celle de ses membres-personne physiques et/ou personne morales, telles que des sociétés à responsabilité limitée : SARL, SA, SAS, etc.
  • La création d’un groupement d’intérêt économique GIE n’exige pas un capital social.
  • La responsabilité des membres du GIE par rapport aux dettes sociales est une responsabilité indéfinie et solidaire, i.e. les créanciers de la personne morale du GIE peuvent exiger d’une seule entreprise membre l’intégralité de créances sur l’actif de leur patrimoine personnel.
  • Le groupement d’intérêt économique est un modèle de structure juridique à mi-chemin entre la société et l’association.
  • Le GIE est constitué pour une durée déterminée (article L. 251-1 du code de commerce)

Comment créer un groupement d’intérêt économique (GIE) ?

Comme toutes les autres structures juridiques, la création d’une personne morale de GIE doit respecter des conditions juridiques :

Les conditions de forme de création d’un groupement d’intérêt économique

Respect du formalisme : rédaction d’un contrat constitutif

La première étape de création d’un GIE est la rédaction d’un contrat constitutif de la personne morale (s’agit-il de ses statuts). Ce contrat constitutif doit présenter certaines mentions obligatoires :

  • La dénomination du groupement
  • Le nom, la dénomination sociale, la structure juridique, l’adresse du domicile ou du siège social de chacun des membres du groupement GIE
  • La durée de vie du groupement d’intérêt économique
  • L’adresse du siège social de la personne morale du GIE
  • Le capital social, si le groupement est constitué avec libération du capital social (libération d’apport en numéraire, apport en nature, apport en industrie.)
  • L’objet du groupement GIE

Publicité et immatriculation

Les membres fondateurs d’un groupement d’intérêt économique (GIE) sont tenus de déposer au greffe du tribunal du siège social du groupement des originaux et des expéditions des statuts et des copies des actes de nomination des membres des organes de gestion, d’administration, de surveillance et de contrôle.

Aussi, ils doivent immatriculer le groupement d’intérêt économique au registre du commerce et des sociétés RCS pour acquérir la personnalité juridique.

Les conditions de fonds d’un GIE

Le GIE doit être le prolongement de l’activité économique des entreprises membres

Cela implique qu’une entreprise à activité différente de celle commune aux membres du GIE ne peut intégrer ce dernier. À titre d’exemple, une entreprise de quincaillerie ne pourra intégrer un groupement d’intérêt économique regroupant des entreprises spécialisées dans la vente d’immeubles d’habitation.

Les membres du groupement

Le GIE doit être composé au moins par deux personnes juridiques : cela pourra être des personnes physiques et/ou personnes morales, ex : société (société à responsabilité limitée : SARL, SA, SAS, etc.), association, autre GIE, etc.

En revanche, il n’y a pas de nombre maximum de membres.

Capital et apports

La création d’un GIE ne requiert pas impérativement un capital social. Toute nature d’apport est admise : apport en numéraire, apport en nature et apport en industrie.

Comment fonctionne le groupement d’intérêt économique ?

L’organisation et le fonctionnement de la personne morale du groupement d’intérêt économique GIE

L’organisation et le fonctionnement du GIE sont définis par le contrat constitutif. Pour être opposables aux tiers, les modifications des statuts doivent faire l’objet d’une publicité dans les mêmes conditions énumérées ci-dessus.

L’assemblée

L’assemblée des membres du groupement est « habilitée à prendre toute décision, y compris de dissolution anticipée ou de prorogation, dans les conditions déterminées par le contrat. »

Les quorums et les majorités applicables sont fixés par les statuts.

L’administration

Les administrateurs qui composent l’organe de direction et d’administration du GIE peuvent être des personnes physiques et des personnes morales.

Les pouvoirs des administrateurs d’un groupement d’intérêt économique sont définis par le contrat constitutif du groupement.

Les statuts juridiques des membres du GIE

Les membres du GIE ont des droits (droits politiques, droits pécuniaires, droits sur les parts sociales du GIE) et des obligations.

À l’égard des tiers, les membres du groupement sont responsables des dettes sociales indéfiniment et solidairement. Avant d’exiger les dettes sociales aux membres, une mise en demeure doit être faite préalablement.

Il est à noter que seuls les groupements soumis aux articles L. 251-1 et S. du Code de commerce peuvent utiliser l’appellation GIE. L’emploi illicite de cette appellation engage la responsabilité pénale.

Les membres d'un groupement d'intérêt économique

Les cas de dissolution d’un groupement d’intérêt économique

La dissolution d’un groupement d’intérêt économique (GIE) peut survenir pour diverses raisons, marquant la fin de la collaboration entre les entreprises membres.

Voici les principaux cas de dissolution d’un GIE :

  • Expiration de la durée : si le GIE a été constitué pour une durée déterminée, il sera automatiquement dissous à l’expiration de cette période, sauf si une prorogation est décidée par les membres.
  • Réalisation ou extinction de l’objet : si le GIE atteint l’objectif pour lequel il a été créé ou si cet objectif devient impossible à réaliser, il peut être dissous.
  • Décision des membres : les membres du GIE peuvent décider de sa dissolution anticipée par une décision collective, généralement prise selon les modalités prévues dans le contrat constitutif.
  • Retrait d’un membre essentiel : dans certains cas, le retrait ou l’exclusion d’un membre jugé essentiel au fonctionnement du GIE peut entraîner sa dissolution.
  • Insolvabilité ou faillite : si le GIE est dans l’incapacité de rembourser ses dettes ou est déclaré en faillite, il peut être dissous.
  • Décision judiciaire : un tribunal peut ordonner la dissolution du GIE pour des motifs légaux, tels que des activités illégales ou des violations des statuts.

Les avantages et les inconvénients du groupement d’intérêt économique

Le groupement d’intérêt économique (GIE) présente une série d’avantages et d’inconvénients qui peuvent influencer la décision des entreprises à adopter cette structure juridique.

Les avantages du GIE

  • Flexibilité : contrairement à d’autres structures juridiques, le GIE n’exige pas de capital social, offrant ainsi une grande flexibilité aux membres.
  • Mise en commun des ressources : les entreprises peuvent partager des ressources, des connaissances et des compétences, ce qui peut conduire à des économies d’échelle et à une meilleure efficacité opérationnelle.
  • Conservation de l’indépendance : bien que collaborant étroitement, chaque entreprise membre conserve son indépendance juridique et opérationnelle.
  • Facilitation de l’accès au marché : les petites entreprises peuvent accéder à de plus grands marchés ou à des ressources qu’elles n’auraient pas pu atteindre individuellement.

Les inconvénients du GIE

  • Responsabilité illimitée : les membres du GIE sont solidairement responsables des dettes sociales, ce qui peut représenter un risque financier considérable.
  • Complexité de gestion : la coordination entre les membres peut s’avérer complexe, surtout si les entreprises ont des cultures ou des objectifs différents.
  • Durée déterminée : le GIE est constitué pour une durée déterminée, ce qui peut nécessiter des renégociations ou des modifications ultérieures.
  • Risques de conflits : comme dans toute collaboration, il existe un risque de désaccord ou de conflit entre les membres, ce qui peut affecter le fonctionnement du GIE.

Philippe

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